Il y avait de quoi piquer la curiosité des cueilleurs débutants que nous sommes. Quand, cet été, France 5 a annoncé le lancement de l’émission Cuisine Sauvage, nous avons attendu le rendez-vous avec impatience. L’émission allait nous laisser un goût d’inachevé et une pointe de déception…

Organisez une rencontre entre un spécialiste de la survie (toujours le même : John C.) et un cuisinier de la région (chaque fois un autre). Lâchez-les en pleine nature et voyez ce que ça donne. De bons petits plats « sauvages » en perspective. Voici le concept développé par France 5 et lancé cet été. La Corse, la Sologne, le Marais Poitevin et même la Guadeloupe, le programme était alléchant.

Un vrai spécialiste

Il faut bien dire que Jonathan Czodor Ichmoukametoff, alias John C., est un expert en matière de survie dans la nature. Pas à pas, il semble tout connaître des trucs et astuces pour s’en sortir en pleine brousse : purifier l’eau, monter des cabanes et bien entendu débusquer les baies et autres plantes qui lui permettront de se sustenter.

Avec John C., pas de doute, on en apprend pas mal sur ce qui se mange et sur ce qui ne se mange pas. De quoi donner du grain à moudre aux cuisiniers invités, d’autant que l’aventurier-présentateur procure aussi les outils de cuisson et de cuisine en général. Rien que pour ça, l’émission vaut le coup d’œil.

Une mise en scène ampoulée

Jusqu’ici tout va bien. Sauf que France 5 et la production se sont ingéniés à rendre le tout illisible avec une mise en scène pour le moins ampoulée. C’est bon, on sait que très bien que nos deux héros sont suivis par une équipe de télé et qu’ils ne vont pas réellement mourir de faim s’ils ne trouvent pas quatre mûres et un brin de fenouil sauvage !

Car le ton de l’émission est au survivalisme, bien plus qu’à la bonne cuisine. Le cuistot y tient le rôle du candide, trimballé par John C. en milieu hostile. On eut aimé un peu plus d’équilibre entre les deux, ne serait-ce qu’un peu plus de convivialité. L’enjeu documentaire est quand même davantage de nous faire aimer les richesses culinaires de la nature que de réellement survivre en cas de disette, non ?

Survivalisme contre gastronomie

Le malentendu, du moins de notre point de vue, atteint son paroxysme quand Benjamin Collombat, dans une forêt de Sologne, se met en tête de trouver quelques champignons. Sauf que John a autre chose en tête. Et le cuisinier de se voir répondre, en substance, qu’on ne mange pas de champignons en mode survie : trop de métaux lourds, trop de risques de confusion et un intérêt nutritionnel médiocre.

Ben oui, peut-être, mais c’est bon un cèpe ou deux, quelques petites girolles, non ? Il n’y a pas que la survie dans la vie, il y a aussi la gastronomie !